Des arbres transgéniques dans nos forêts
Publié le 21 février 2014 par
Par Fany Labrecque et Sandrine Lapierre-Poirier (2009)
Des arbres transgéniques dans nos forêts

Depuis plusieurs années déjà, l’utilisation d’OGM (organismes génétiquement modifiés) dans l’alimentation et dans la culture de plantes est de plus en plus courante et leurs impacts négatifs sur l’environnement sont très controversés. Maintenant, nous pouvons ajouter à la liste les arbres transgéniques. Dans les années ’80, la Chine amorçait un projet de recherche sur des peupliers transgéniques, aidée financièrement par le programme des Nations Unies pour le développement(PNUD), pour une somme de 1,8 millions de dollars. Et depuis ce jour, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, le Chili, le Japon, l’Australie, le Canada et aussi des États membres de l’Union européenne comme la France et l’Espagne hébergent des entreprises ou organismes de recherche qui développent des projets de modification d’arbres par transgénèse. Pour 2012, le gouvernement chinois compte couvrir 44 millions d’hectares de ces arbres génétiquement modifiés(GM). L’impact des arbres GM dans les forêts pourrait être aussi dangereux que les coupes à blanc.
Qu’est-ce qu’un arbre transgénique ?
Un arbre transgénique est un arbre auquel on a introduit un nouveau gène ou un gène modifié. Par exemple, ces arbres peuvent être génétiquement modifiés afin de résister aux maladies, aux insectes, aux herbicides, au froid, au chaud et à la sécheresse.
Dissémination
Le plus grand problème des arbres GM, c’est qu’ils risquent de contaminer les territoires naturels et de perturber l’environnement des arbres indigènes ainsi qu’une grande majorité de plantes et d’animaux qui y sont reliés. Les arbres produisent beaucoup de graines et de pollens qui tombent à proximité de ceux-ci, mais il s’avère qu’ils peuvent aussi parcourir de grandes distances pouvant aller de dix kilomètres (dans le cas des conifères) à plus d’une trentaine de kilomètres(en ce qui concerne une espèce spécifique de pins). Le vent augmente d’ailleurs la distance parcourue. Ils pourront donc facilement étendre leur territoire d’origine.
Pour pouvoir régler ce problème de diffusion, les compagnies proposent donc de créer des arbres stériles en faisant appel à la technique ‘Terminator’. En théorie, cette technique empêcherait la floraison et la production de pollen, mais cette solution a des répercussions encore plus graves, car les mammifères, les oiseaux et les insectes ne pourront plus se nourrir du pollen, des graines, du nectar et des fruits des arbres.
Le décalage des périodes de fleuraison est aussi une alternative face à la dissémination, mais elle semble plus compliquée puisqu’elle implique de prendre en compte les cultures qui sont déjà établies dans le territoire, les périodes climatiques de cette dernière et les périodes de floraison des autres arbres dans un périmètre de 600 kilomètres.
Une autre proposition consisterait à confiner les arbres transgéniques sous serre avec le traitement d’air nécessaire à la croissance des plantes, mais le traitement en espace confiné s’avère dispendieux et extrêmement délicat.
La lignine

La lignine est une substance qui imprègne les cellules, les fibres et les vaisseaux du bois. Celle-ci, dont le taux est élevé dans les tiges et les racines, donne de la résistance et de la perméabilité aux arbres.
On retrouve présentement des arbres GM à taux de lignine réduit. Cette diminution a pour but de diminuer la pollution liée à l’utilisation de produits chimiques pour éliminer la lignine lors de la production de pâtes et papier.
Les États-Unis commercialisent des arbres GM ayant un pourcentage faible de lignine, à la croissance plus rapide et résistant à des maladies. Diminuer le taux de lignine dans un arbre veut donc dire le fragiliser. De plus, les arbres GM, en ce qui concerne la lignine, sont plus sensibles aux orages et aux autres tempêtes.
Pour lutter contre les changements climatiques, les entreprises et les gouvernements des pays du Nord ont eu l’autorisation, lors de la neuvième conférence des parties à la convention cadre des Nations unies sur le changement climatique(CCNUCC), en décembre 2003, d’implanter des arbres transgéniques dans les pays du Sud. Ces plantations devaient remplir le rôle de puits de carbone. L’utilisation des arbres GM s’est révélée être une pratique qui nuit à une solution déjà mauvaise en raison des risques propres qu’ils comportent. Enfin, la production d’arbres GM dans le cadre du protocole, a permis aux pays du Nord d’acquérir des « crédits carbone », soit le droit d’émettre plus de carbone.
En 1993, Toyota a réalisé des essais, en champs, d’arbres transgéniques afin d’absorber plus de carbone. Cependant, l’augmentation de l’absorption du carbone augmentait gravement la consommation en eau. Selon les estimations faites sur les nouvelles forêts tropicales d’Amérique du Sud et Centrale, les plantations d’arbres GM semblent moins efficaces pour enfermer le carbone que le milieu forestier indigène. Par contre, la destruction d’un hectare de forêt relâche 200 tonnes de carbone. En plus, les arbres à faible taux de lignine et à la croissance rapide se décomposent plus vite, renvoyant ainsi plus rapidement le gaz carbonique dans l’atmosphère en empirant, par ce fait, le réchauffement climatique au lieu de le réduire. Ces arbres transgéniques diminueront l’importance des puits de carbone, en prenant la place des arbres indigènes.
Résistance aux insectes
L’une des caractéristiques de l’un de ces gènes permettrait à l’arbre de résister aux insectes. Comme on a déjà fait avec le coton Bt, des forêts d’arbres transgéniques Bt pourraient générer des populations d’insectes résistants à cet insecticide. En effet, il s’avèrerait que les insectes ayant été en contact avec le coton Bt auraient développé, au fil des ans, une capacité à résister à la toxine Cry1Ac produite à partir d’un gène de la bactérie Bacillus Thuringiensis (Bt), libérée par le coton génétiquement modifié.
Allergies
Même si nous ne nous alimentons pas directement des arbres forestiers, nous consommons par contre les fruits de certains arbres. Le transgène inséré dans le génome de la plante peut être transmis vers toutes les espèces qui sont en contact avec ces plantes transgéniques. En matière de santé publique, le danger est que les protéines transgéniques puissent avoir des impacts sanitaires négatifs et/ou présenter des similarités avec des substances allergéniques connues et pouvant donc être allergènes. Ces réactions allergiques peuvent être causées par l’exposition au pollen des ces arbres GM comme évoqué par l’ERMA (Environmental Risk Management Authority) dans son évaluation des pins et sapins transgéniques de l’entreprise Forest Research.
Solution
Un des plus gros problèmes des arbres transgéniques est de les sortir des forêts. Ces arbres envahissent les forêts, ils se multiplient très rapidement. On ne peut pas simplement les arracher, car cela dégage 200 tonnes de carbone pour un hectare de forêt. De plus, trop de graines et de pollen tombent et se propagent par la suite. La seule solution parfaite aurait été de ne jamais les planter. Bien sûr, il est trop tard et la solution qui nous semble la meilleure comporte certains défauts. Il s’agit de faire un feu de forêt contrôlé là où les arbres génétiquement modifiés se trouvent. Un des gros problèmes de cette solution est le pollen. Il peut parcourir plus de 800 kilomètres en 24 heures. Ce qui fait que nous ne pouvons détruire toutes traces des arbres mais seulement les plus gros. Un autre défaut de la solution est le dioxyde de carbone qui est le principal gaz à effet de serre. Sa durée de vie dans l’atmosphère est d’environ cent ans. Mais il n’y a pas juste des problèmes. En plus de détruire complètement le plus gros des arbres transgéniques, le feu des forêts aide la nature à se renouveler. L’espace libéré permet l’installation d’une nouvelle biodiversité animale et végétale.