Les sables noirs

Publié le 21 février 2014 par

Par Charles Delattre (2008)

Les sables noirs

Les réserves

Plusieurs pensent que la plus grande réserve de pétrole brut au monde se situe dans les profondeurs des terres de l’Arabie Saoudite, mais ils se trompent. En fait, la plus grande réserve de pétrole brut au monde est située beaucoup plus près de nous, en Alberta plus précisément. Avec la chasse au terrorisme, les États-Unis demandent aux extracteurs miniers de la province albertaine de mettre les bouchées doubles afin d’éviter le plus possible le Moyen Orient. Effectivement, grâce à l’exploitation des sables bitumineux, l’Alberta dispose d’une réserve de pétrole estimée à plus de 300 milliards de barils, ce qui dépasse l’Arabie Saoudite, dont les réservent sont estimées à 270 milliards de barils. En 2002, seulement grâce aux sables de bitume, il était extrait quotidiennement 1,2 millions de barils par jours, en Alberta.

La forêt Boréale

Pour extraire les sables bitumineux du sol, il faut creuser une mine à ciel ouvert. Pour ce faire, il faut tout d’abord couper la forêt boréale. Ensuite, il faut enlever la bonne terre et la garder de côté, puis enlever la mauvaise terre (principalement composée d’argile, de pierres et de sable). Il faut même creuser jusqu’à 50 mètres dans le sol pour atteindre les sables noirs.

Il y a également un autre problème qui entre en ligne de compte : 35% de la forêt boréale est composée de tourbières. Les tourbières de l’Alberta font partie des plus gros réservoirs de méthane au monde. Donc, en plus de détruire la forêt boréale, libérant ainsi du gaz carbonique, l’Alberta produit du méthane juste en disposant de la flore de cet endroit.

Les sables en tant que tels

La formation des sables bitumineux est assez particulière et c’est ce qui complique l’exploitation de cette source d’ennuis. En fait, le grain de sable est enrobé d’une couche de bitume, mais, entre cette couche de bitume et le grain de sable, il y a une mince pellicule d’eau. De plus, les grains sont attachés ensemble, ils faut donc les séparer.

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Il aura fallu 100 tonnes de sables bitumineux pour faire seulement 11 tonnes et demie de bitume. C’est très peu pour toute la pollution engendrée par cette extraction. Ce procédé d’extraction libère des quantités phénoménales de gaz à effet de serre et d’autres gaz polluants, voire nocifs pour l’écosystème et la vie végétale, animale et même humaine.

Les gaz polluants

Parmi les gaz les plus rejetés durant les différents procédés d’extraction des sables de bitume, il y a des très grandes quantités de méthane (CH4), de monoxyde et de dioxyde de carbone (CO et CO2) et de gaz sulfuriques (SO).

  •   Les gaz liés au carbone (carboniques)

Ce n’est un secret pour personne, les gaz carboniques contribuent grandement à l’effet de serre et au réchauffement global. En 2002, une compagnie d’extraction de sables, Suncor rejetait 600 tonnes de CO2 … à l’heure ! pour un total de plus de 5 millions de tonnes par an ! Parmi les agents émettant le CO2, il y a les cokeurs (sert à trier le bitume plus lourd du léger), mais il y a aussi tous les camions et machines qui travaillent dans les mines. Tous ces gaz carboniques n’aident pas la cause de Kyoto.

  •   Les gaz liés au soufre (sulfuriques)

Le SO2 est un gaz qui entre dans la formation d’acide sulfurique (H2SO4) lorsqu’il est mélangé à l’eau. Ce gaz se mélange donc aux particules d’eau incluses dans l’air et contribue -est pratiquement le seul responsable- grandement à la formation des pluies acides. Bien qu’assez contrôlées, les émissions de ce gaz sont encore trop grandes pour les ignorer.

Les solutions envisagées

Une « solution » moins polluante est en train de se mettre en place : le procédé In-Situ consistant à réutiliser les vapeurs d’eau utilisée durant la purification des sables en les envoyant dans des puits horizontaux dans le sol. Ces puits ont pour but de ramollir, -voire séparer- le bitume des sables. Par contre, ce n’est pas encore considéré comme une solution, puisque nous ne savons pas encore les effets à long terme sur les nappes phréatiques et sur l’environnement.

Références

1. Radio-Canada : Découverte

2. Sables Bitumineux sur Wikipedia

3. Bitume sur Encyclopédie-Canadienne