Les carpes asiatiques
Publié le 16 mai 2014 par
Les carpes asiatiques
La carpe asiatique, une grande menace pour l’écosystème, a finalement réussi, il y a deux ans, à traverser les barrières électriques qui avaient été installées pour contrer sa propagation. Elle a commencé à se reproduire dans les Grands Lacs, en commençant son invasion par le lac Michigan. La faune habituelle des Grands Lacs risque de ne pas être réjouie par cette nouvelle.
Originaire de l’Orient, la carpe asiatique a été introduite dans les années 70, lors du développement d’exploitations piscicoles au sud des États-Unis, afin de contrôler la végétation. Depuis, elles ont suivi les cours d’eau des États-Unis en direction du nord et des Grands Lacs. Plus précisément, elles se trouvent en grande majorité dans la rivière Illinois, mais quelques-unes ont réussi à atteindre les Grands Lacs en passant par le lac Michigan. Le risque que plusieurs autres carpes se retrouvent elles aussi dans nos lacs devient de plus en plus inquiétant.
Bien qu’il y ait une frontière entre les États-Unis et le Canada, celle-ci n’est guère un obstacle à la propagation des carpes. Lorsque les carpes se retrouveront en grand nombre au Québec, il deviendra difficile de freiner leur progression.
Cette situation est très inquiétante, car cette espèce est considérée comme envahissante et très problématique. En effet, elle a complètement chamboulé les écosystèmes locaux. Ayant un appétit monstrueux, la carpe réduit à un point critique les populations de plusieurs espèces de poissons indigènes. Elle y parvient en consommant des quantités phénoménales de nutriments et de planctons. Autrement dit, elle s’empare de la nourriture de plusieurs autres poissons. Elles croissent à une vitesse folle et prennent une telle ampleur qu’elles deviennent trop grosses pour avoir de potentiels prédateurs nord-américains. De plus, elles ont une capacité indéniable pour se reproduire, c’est-à-dire qu’elles pondent des milliers d’œufs capables de se disperser facilement, car ils sont non adhésifs. Elles possèdent aussi une forte tolérance contre les conditions environnementales variables.
De plus, cette espèce est dangereuse pour les humains. Elle représente actuellement 90% des poissons vivants à quelques kilomètres des Grands Lacs aux États-Unis. La taille de cette population qui augmente constamment en inquiète plusieurs. Certaines personnes ont eu la mâchoire cassée ou le nez fracturé. Cela vous étonne? Lorsque les carpes asiatiques, qui peuvent mesurer jusqu’à un mètre de longueur, sont surprises, elles peuvent sauter jusqu’à trois mètres au‑dessus de l’eau. Quant à leur poids, il peut atteindre 40 kg. C’est pour ces raisons que plusieurs plaisanciers ont déjà été blessés.

Pour regarder une vidéo où des carpes sautent de la rivière Illinois, au passage d’un bateau : http://www.youtube.com/watch?v=jb8OmEr7VqI
Les répercussions sur l’industrie de la pêche font aussi partie des principaux impacts redoutés si l’espèce parvient à s’établir en grande masse dans les Grands Lacs. Cela s’explique par le fait qu’elles risquent de déséquilibrer la chaîne alimentaire des systèmes aquatiques, en s’emparant des proies des poissons indigènes dans nos lacs, c’est-à-dire le phytoplancton et le zooplancton. D’autres inconvénients peuvent survenir à cause de la présence de ce poisson. Le poids des filets de pêche commerciale en est un. Ceux-ci deviennent tellement pesants, lorsqu’ils sont remontés dans les endroits abondamment fréquentés par la carpe, qu’il est alors impossible de les ramener à la surface.
D’autres problèmes reliés à l’économie apparaissent aussi. Les hôtels, le long des ports de pêche, désirent attirer une clientèle de pêcheurs sportifs. C’est la même chose pour les boutiques d’appâts et d’équipement de pêche. Les restaurateurs auraient, quant à eux, à dépenser davantage pour se procurer des poissons tels que la truite et le saumon, ceux-ci devenant plus rares, à cause du déséquilibre de leur chaîne alimentaire. Les déséquilibres peuvent même toucher à des espèces comme l’épaulard et le phoque. Étant donné qu’ils se relient à leur chaîne alimentaire. Par exemple: l’épaulard itinérant se nourrit de phoque, qui lui, à son tour, se nourrit de saumon. Le saumon mange le hareng. Et c’est quand le hareng voit ses proies diminuer que survient le problème, car les carpes aussi se nourrissent de phytoplanctons et de zooplanctons. Ainsi, le plancton diminue, le hareng aussi, le saumon aussi, le phoque aussi et finalement l’épaulard suit la même courbe.
Phytoplancton -> zooplancton -> hareng -> saumon -> phoque -> épaulard itinérant
Comment remédier à ce cauchemar?
Régis Labeaume, le maire de Québec, nous a donné son opinion pour contrer l’envahissement de la carpe : « Alors actuellement, l’idée est de faire une barrière électrique dans la rivière Illinois pour ne pas qu’elles atteignent les Grands Lacs. Si la carpe asiatique atteint les Grands Lacs, cela veut dire qu’on va en avoir en avant de Québec et Lévis » a-t-il affirmé en 2012, lorsque les Grands Lacs n’étaient pas encore touchés par l’invasion de la carpe.
Les scientifiques ne semblent pourtant pas pencher de son côté. Ils ne considèrent pas les barrières électriques comme le meilleur moyen pour empêcher la carpe d’envahir les Grands Lacs.
Ils pensent plutôt à fermer pour de bon les écluses des canaux de navigation de Chicago. Fermer les écluses pourrait cependant inonder 51 banlieues de Chicago, mais aussi aurait un effet catastrophique sur l’économie de Chicago. La circulation de barges qui livrent les marchandises de base comme l’asphalte, le sel et le pétrole aux villes de l’Illinois cesserait. La Ville de Chicago y a tout de même songé. Cette fermeture complète du canal, qui permet de relier les Grands Lacs au fleuve Mississippi, serait efficace et empêcherait l’invasion des carpes dans nos Grands-Lacs jusqu’au fleuve St-Laurent. Cette fermeture est pourtant très mal vue par les milieux d’affaires, en raison des impacts majeurs appréhendés sur le commerce, qui dépend beaucoup du canal qui traverse Chicago. Un représentant de la Maison Blanche a d’ailleurs mis en garde les autorités municipales contre la fermeture de cette voie navigable très importante pour le commerce transfrontalier.
On est alors réticent à cette unique solution. Pendant ce temps, la densité de la population de carpes au sud de la barrière continue de croître. Certaines ont même réussi à franchir cette barrière, car, malgré cette mesure, des biologistes, il y a 2 ans, ont annoncé avoir mis la main, pour la première fois, sur quatre carpes asiatiques qui ont passé leur vie dans le lac Michigan, là où les biologistes les ont pêchées, ce qui veut dire qu’elles avaient franchi les barrières il y a de cela déjà un bout de temps.
On se rend compte, évidemment, qu’on ne peut s’en tenir à la nouvelle barrière électrifiée pour empêcher leur passage. La barrière est censée retenir les carpes aux portes du lac Michigan, mais comme elle est mobile et peut être traînée comme un rideau sous-marin, les carpes ont une faille pour se frayer un chemin et on, en effet, réussi à traverser.
Une autre solution ressort alors:
Les restaurateurs de la région de Chicago, suggèrent tout simplement de développer des mets faits à base de carpe asiatique et de pêcher jusqu’à la dernière carpe pour éliminer la menace. Rendre ce problème bénéfique pour notre économie, serait-ce une solution? Ce serait fort possible, de plus, étant donné que ce poisson est populaire auprès des Asiatiques, il pourrait être bénéfique pour eux et pour nous de mettre en place ce commerce sur les carpes.
Nous pourrions également penser à une espèce qui serait son prédateur. Tristement, de nos jours, le meilleur prédateur sur Terre, et celui qui contribue quotidiennement de façon plutôt efficace à la disparition de plusieurs espèces, est l’humain. Alors, s’il est possible de rendre ce gros défaut utile, pour une fois, nous pourrions peut-être imaginer une sorte de filet qui les prendrait au « vol » et ainsi les exterminer afin de protéger nos systèmes aquatiques.
Bref, choisirons-nous la bonne solution qui protégera nos eaux de ces carpes? Ou sommes-nous trop préoccupés par les répercussions économiques et les préventions que ces mesures exigent? Pourrons-nous encore, dans quelques années, pêcher sans craindre de se faire assaillir de carpes? La réponse n’est pas assurée. Pourtant, en 2014, nous avons encore le temps d’agir. N’attendons pas qu’il soit trop tard.
Nos Sources:
http://blogues.lapresse.ca/sciences/2013/10/30/la-carpe-asiatique-se-reproduit-dans-les-grands-lacs/
http://www.cbsa-asfc.gc.ca/media/facts-faits/112-fra.html
http://www.mddefp.gouv.qc.ca/faune/especes/envahissantes/carps-asiatiques.htm
http://www.vetofish.com/actu/carpe-asiatique-envahit-grands-lacs-nord-americain
http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/quebec/archives/2012/06/20120626-135222.html
http://lesamisdurichelieu.blogspot.ca/2011/02/invasions-barbares-carpe-asiatique-dans.html